vendredi 4 septembre 2009

De la position minoritaire des enfants québécois francophones de souche au public à Montréal...

À la lecture de l'article d'hier sur de nouvelles statistiques concernant les enfants fréquentant l’école publique à Montréal, je dois avouer que j'ai eu un petit sursaut de panique. La crainte sourde de voir notre fils de 6 ans développer le sentiment d'être étranger dans sa ville, voir dans son pays - qui nous titille depuis notre emménagement à Cartierville - trouvait des chiffres pour s'appuyer...

Nous sommes pourtant les gens les plus ouverts qui soient. Nous avons vécu en «immersion» depuis des années dans les quartiers très multiculturels de la Petite Italie, Parc Extension, Ville Mont-Royal et Cartierville. Nous avons toujours considéré comme une richesse de se frotter à diverses cultures; J'étudie d'ailleurs le Mandarin. Pourtant, la première année d'école de notre fils à la maternelle a fait gronder dans nos trippes la peur de le voir se sentir étranger en son pays...

Bref, ces articles m'ont rappelé à quel point notre fils ne côtoyait presque aucun «québécois de souche» dans son environnement scolaire.

Heureusement, le billet de Marie-Claude Lortie, deux pages plus loin, a été une bouffée d'air frais qui a balayé ces vieux démons ancrés au plus profond de nous. Après-tout, notre fils aussi a de la difficulté à comprendre ce que c'est qu'un «québécois de souche», un «vrai québécois»... Ses amis parlent français comme lui, écoutent les même émissions que lui, lisent les même livres, jouent aux même jeux. Bien sûr certains ont des particularités alimentaires, ou ne croient pas au mêmes dieux... and so what?

Je pense que, si problème il y a, il se situe du côté des parents:

D'un côté, les parents «de souche» - nous y compris - ont de la difficulté à transmettre et valoriser la culture de leurs ancêtres, leur histoire, leur appartenance au territoire. Sûrement parce que nous sommes peu enclins à cultiver cette fierté nationale que nous avons peur de voir glisser vers une ridicule ferveur patriotique. Les gens de notre génération se considèrent souvent comme des citoyens du monde. Il ne faudrait cependant pas oublier notre devoir de parent de donner des racines à nos enfants.

De l'autre côté, les parents allophones sont très enclins à cultiver la fierté patriotique de leurs enfants à l'égard de leur pays d'origine. Ils inculquent ainsi à leurs enfants qu'ils ne sont pas vraiment canadiens... encore moins québécois. Tous les amis néo-québécois de notre fils ne se définissent eux-même jamais comme canadiens! J'ai l'impression qu'en insistant sur l'appartenance à leur culture d'origine - probablement par peur de voir s'éteindre cette mémoire et cette fierté dans le coeur de leurs enfants - les parents néo-québécois empêchent involontairement leurs enfants de prendre racine ici, de développer une fierté d'être ici au Québec, voir de bien s'intégrer. Peut-être est-ce symptomatique d'un rêve de retour en terre natale...

Tout en enseignant leur culture et leurs origines à leurs enfants, les parents allophones devraient travailler à implanter cette appartenance à notre pays et ce désir de se fondre à la culture majoritaire en l'enrichissant de leur propre apport indispensable. Après tout, tous ceux qui réussissent à émigrer aux États-Unis sont fiers de clamer haut et fort leur citoyenneté américaine! Pourquoi en serait-il autrement ici?

Je dois cependant avouer que nous, les «de souche», avons notre part de responsabilité dans ce manque d'identité canadienne chez nos amis allophones... car nous ne nous intéressons souvent, au premier abord, qu'à leur origine... comme si c'était des touristes de passage!

Finalement, je crois que nous avons beaucoup à apprendre de nos enfants. Ils ne se posent que très rarement ces questions, et les craintes de «l'étranger» - lorsqu'ils en ont - ont été transmises par nous comme un mauvais virus qui se transmet au fil des générations... et je parle ici autant de «nous» - les de souche - que de «eux» les immigrés.

Car c'est évident que nous avons besoin de l'apport des nouveaux québécois, pas seulement pour payer nos programmes sociaux mais aussi pour que survive notre culture, notre langue, nos valeurs. Si nous intégrons activement, et avec enthousiasme, les nouveaux québécois notre culture n'en deviendra que plus riche. Mais si nous nous ghettoïsons nous même en banlieue et dans les écoles privée, notre culture s'étiolera et ce sont nos enfants qui seront mésadaptés dans ce monde multiculturel à venir.

Encore faudrait-il quintupler les ressources en francisation et en intégration des nouveaux arrivants au marché du travail. C'est le nerf de la guerre.

Et encore faudrait-il abolir le financement public des écoles privées... mais ça c'est une autre histoire...

Avis toutefois à ceux qui résistent encore à cette idée d'une augmentation toujours plus grande de la capacité d'accueil du Québec: Attendez de voir le raz de marrée de réfugiés climatiques qui déferlera bientôt sur le monde... probablement que nos enfants auront moins de craintes et de scrupules à les accueillir en leur pays.

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